dimanche 11 décembre 2011

le cours de M. SETTA

CHAPITRE PRELIMINAIRE
A partir de 622 date de l’établissement du Prophète à Médine, à 750(P .C), date de l’accession du pouvoir des abbassides, on assiste à l’élaboration de trois stratégies du pouvoir
Le modèle prophétique, c'est-à-dire la pratique qui permet à Mohammed d’accéder à son véritable pouvoir autocratique

La stratégie sur le thème de m’appartenance à la tribu de QOREICH qui fut celle des califes « bien guidés » ou (AR.RACHIDOUN) qui sera combiné, à partir du calife OTHMAN puis sous les Omayyades, avec une véritable théorie de droit divin

Enfin, la stratégie basée sur l’appartenance à « la maison du Prophète » et le droit successoral. Cette stratégie fut essentiellement l’œuvre de la dynastie abbasside.

SECTION 1 : LA STRATEGIE DE LEDITIMATION DU POUVOIR POLITIQUE DE PROPHETE

La qualité prophétique de Mohammed, une fois reconnue par les premiers musulmans, a servi de fondement à l’édification d’un pouvoir politique mais elle n’impliquait pas automatiquement et immédiatement une reconnaissance de l’exercice de ce pouvoir.
Depuis son arrivée à Médine et jusqu’à sa mort, le Prophète devait conclure diverses conventions afin que son pouvoir devienne progressivement global et quasiment autocratique.
En outre, la légitimité étant entièrement liée à l’idéologie et à sa pratique, le système sociopolitique proposé par la nouvelle religion allait, lui-même , faire partie de cette stratégie visant à légitimer le pouvoir du Prophète

§1 – le rôle des conventions (2) dans la légitimation du pouvoir de Mohammed

Pendant les dix années que le prophète a passées à Médine, son statut politique a considérablement évolué : d’une part les deux BAI’A de AL ‘Aqaba lui reconnurent la charte de
Médine fit de lui le chef de la Oumma dont le statut étant comparable à celui d’un Cheik de tribu ; enfin le « serment du bon plaisir » lui donna un véritable pouvoir autocratique.
A / les deux BAI’A de AL Aqaba

Devant le refus des qoreichites de reconnaitre la prophétie de Mohammed, celui-ci essaya de porter le combat pour sa cause en dehors de la Mecque.
Profitant de la saison du pèlerinage, il contacta à plusieurs reprises les représentants de certaines tribus, mais sans succès. Ce fut le même souci qui le fit entreprendre un voyage à la cité de Taif. Mais les liens privilégiés, qu’avait celle-ci avec l’aristocratie marchande mekkoise, firent que le projet de
Mohammed connut le même échec cuisant.
En effet, les juifs dominaient la ville sur tous les plans . les tribus de Quayrah et Annadir possédaient des terres propres à l’agriculture et s’adonnaient à la fabrication des armes.

La tribu juive des Qaynuqa , habitant un village où le métier d’orfèvre était dominant.
Les Arabes étaient leurs protégés, soit au titre de « voisins » ( djiwar),soit à celui de « confédérés » . Iles étaient repartis en deux grandes tribus, les AWS et les Khazraj , appartenant , ou supposées appartenir à un ancetre commun . elles étaient en outre , en perpetuelle lutte, soit pour l’influence politique , soit pour l’accaparement des terres en vue de l’agriculture : la tradition parle de guerres et de vendettas qui durèrent cent ans
Cet état quasi – permanent d’insécurité empechant la ville de rivaliser avec d’autres cités, comme la Mecque ou Taif , en matière d’influence politique, religieuse ou économique , alors qu’elle jouissait d’une position géo –politique enviable.
C’est dire le service d’un homme comme
Mohammed, et de surcroit , un Prophète, pouvait rendre à cette communauté déchirée et combien désireuse de sortir de son état d’infériorité.
C’est ainsi, qu’en 621 (P .C) , au terme d’une seconde rencontre , une BAI’A fut accordée au Prophète par douze personnalités des Aws et des Khazraj
La tradition baptisa cette Bai’a, le « serment des femmes » (BAI’A – T AN -NISSA). Les médinois devaient se contenter de reconnaitre de la prophétie de Mohammed et accepter de devenir les adeptes de la religion qu’il leur proposait . ainsi , il semblerait que ce premier serment ne contentait pas, à proprement parler, de disposition politique

Ce fut , peut etre , la raison qui poussa ala conclusion de la seconde Bai’a en 622(P.C)

Les sources parlent de soixante dix hommes et deux femmes qui rencontrèrent la Prophète sur la colline de AL Aqaba.
L’accord entre les deux parties était probablement prévu ainsi que ses implications politiques, puisque AL – Abbass , l’oncle de
Mohammed fut en qualité de « témoin »
Il s’agit là, de véritable clauses politiques.mes médinois s’engagent à défendre le prophète au même titre que leurs enfants et leurs femmes et à accepter les conséquences qu’un tel ace pourrait entrainer , notamment le recours aux armes contre les ennemis de
Mohammed, et une éventuelle abolition des conventions qui les liaient aux juifs.
Le Prophète, pour sa part, s’engageait à honorer cette protection en tant qu’il « combattait ceux contre qui les médinois combattaient et ferait la paix à ceux avec qui voulaient être en paix » en s’abstenant de « revenir parmi les siens au cas où sa cause triompherait »
Une fois d’accord sur ces clauses, douze NUQABA (délégués) furent désignés parmi les médinois pour conclure formellement et définitivement l’acte de la Bai’a
La signification politique de ceux deux serments semble etre double :
La conversion à ma nouvelle religion d’un certain nombre de groupes médinois fut le début de la formation d’une communauté nouvelle, plus ou moins consciente de sa différence par rapport à la tribu qui constituait la cellule de base de la Société païenne de l’époque. La nécessité de la doter d’institutions sociopolitiques nouvelles, n’étant qu’une question de temps.
La reconnaissance, par les médinois, de la prophétie de
Mohammed ; leur volonté manifeste de la protéger, ainsi que sa religion, par les armes, impliquent que la nouvelle communauté a choisi son Leader, seul capable d’arbitrer entre ses différentes composantes et de la diriger grâce aux commandements qu’il recevait de Dieu.

C’est dire que la légitimité de ce nouveau statut du Prophète se fondait principalement, sur les sentiments des médinois de constituer une communauté et la capacité, supposée ou réelle, du « Leader élu » , d’estomper les querelles qui déchiraient l’entité médinoise , grâce à son ascendant personnel et à la révélation divine

B/ La charte de Médine

Il s’agit du plus ancien document de l’histoire des institutions arabo-musulmanes qu’Ibn Ishaq nous a conservés.
Ce document est généralement connu sous le nom de AS – ASSAHIFA, M.WATT l’a baptisé « la constitution de
Médine »
Il y eut de nombreuses discussions, non sur l’authenticité du texte mais sur sa date et son unité
L’idée généralement admise est que les dispositions de cette charte ont été rédigées « à deux, ou même à plusieurs dates différentes » selon les changements politiques des circonstances politiques traversées par la communauté musulmane
Par ailleurs, il semble que ce document traduit l’esprit des deux premières Bai’a d’AL Aqaba, et certains sens, leur mise en application
•En effet, le texte s’articule de deux idées fondamentales ; l’identification de la nouvelle communauté musulmane appelée « Oumma » et le statut du chef de cette communauté, en l’occurrence le Prophète
•Il faut rappeler qu’outre sa qualité de prophète , la principale condition de la légitimité de l’action politique de Mohammed , était dès les deux premiers serments , la capacité de maintenir l’ordre et la sécurité entre les clans médinois et d’œuvre pour leur cohésion . la difficulté de cette tache, qui trouvait sa source dans le sentiment de l’appartenance tribale, allait être contournée grâce aux valeurs proposées par la religion de

Mohammed. Celle-ci allait fournir la base sur laquelle un nouveau sentiment va se constituer : celui de l’appartenance à la oumma des croyants.
Ainsi, « les croyants, les musulmans qoreichites, ceux de yatrib, ceux les qui suivent, leur sont attachés et qui guerroient avec eux » forment une communauté unique (oumma) distincte des autres peuples . Par ailleurs, la charte met l’accent sur un acte d’hostilité ou de corruption qui serait dirigé contre les croyants ; que les mains des croyants soient unis contre lui , même si coupable est le fils de l’un d’entre eux »

S’agissant du statut politique de Mohammed au sein de la Oumma, la charte invite les croyants à s’en remettre à Dieu et à son messager en cas de « différend » ou « d’incident très grave ». L’article 2 déclare : « quand survient entre vous un différend, remettez – vous- en à Dieu et à Mohammed (que la paix soit sur lui !) et l’article 42 énonce : « quand, parmi le peuple de ce document il arrive quelque incident (trouble) ou querelle dont on craint qu’il n’amène un désastre pour ce peuple, qu’on s’en remettra était incontestablement le chef de la Oumma, ses pouvoirs furent, théoriquement du moins, peu étendus. Plusieurs incidents de la première époque médinoise, démontrent que, Mohammed lors de la prise des décisions, devait compter avec le pouvoir que représentaient les chefs des autres clans médinois.
Ce fut sa qualité de chef militaire qui allait, peu à peu, accroitre son pouvoir et, partant, sa légitimité politique. Ainsi, après Badr et au moment de l’expéditeur contre la tribu juive des Banou Qaynuqa ; « il fut décrété qu’un cinquième (khums) de tout le butin dans une expédition musulmane irait à Mohammed…
Il était habituel en Arabie que le chef d’une tribu reçut la quart du butin , en partie pour son usage , mais aussi en partie de manière à pouvoir exercer certaines fonctions au nom de la tribu , comme de venir en aide aux pauvres et de donner l’hospitalité ». Mais, ce fut l’expédition d’Al Hudaybiya qui allait du Prophète un chef quasiment autocratique.
C / L’expédition d’AL – Hudaybiya et le « serment du bon plaisir »

En mars 628, le Prophète ne pouvait espérer prendre la Mecque car les qoreichites étaient encore fort militairement et moralement. Aussi, songeait – t- il à aller en pèlerinage à la KA’ABA
A la tête de 1600 hommes, il mit cette idée à exécution. Mais, arrivé à Al – Hudaybiya limite du territoire sacré de la Mecque, il décida de faire halte. Devant la menace des qoreichites de livrer bataille s’il essayait d’accomplir le pèlerinage, le Prophète fut obligé d’entamer des pourparlers. Il dépêcha, pour se faire, Othmane Afane, comme membre du clan omayyade, et ayant de ce fait , des puissantes protections à la Mecque comme il mettait longtemps à revenir , le bruit courut que les mekkois l’avaient tué.
En vue de préparer ses hommes à une éventuelle bataille pour venger le plénipotentiaire musulman, Mohammed convoqua ses disciples sous un arbre et leur fit prêter serment

Ce serment est connu historiquement sous le nom de Bai’a Ach-Chajara(le serment sous l’arbre) ou Bai’a Ar-Ridwane (le serment du bon plaisir)
Selon certaines sources, ce fut un serment de combattre jusq’à la mort ( Bai’a Ala Ala-Mawt). Mais la version la plus admise est celle de al-waqidi qui rapporte que ce fut un serment de faire tout ce que le prophète ordonnerait.
§2 LA LEGITIMATION DU POUVOIR POLITIQUE DU PROPHETE A PARTIR DU PROJET DE L’ISLAM
•Rapport historique et points de repère

L’islam n’offrait pas, aux arabes du VIIe siècle, un projet révolutionnaire susceptible de faire table rase de ce qui constituait le système sociopolitique de l’Arabie paienne.il se contenta d’en corriger les défauts majeurs en renouvelant les anciens idéaux victimes de l‘usure du temps et, par la mutation qui s’opérait au sein de la société arabe de l’époque , afin de faire des arabes les maitres d’un monde en décomposition politique
En effet, la chute de la civilisation de l’Arabie du sud sous les coups de l’invasion éthiopienne et la perte de vitesse de deux géants byzantin et perse , usés par des guerres incessantes , ont favorisé l’éclosion économique du Hidjaz dont la Mecque était le centre.les qoreichites eurent , non seulement le monopole du commerce de l’Arabie ,mais aussi celui de son financement. Ceci, engendra un enrichissement sans précédent et un élan individualiste totalement contraire aux anciennes valeurs bédouins.

Ce système, outre le fait qu’il ne profitait qu’à une minorité aristocratique, encourageait une croyance aveugle en la valeur intrinsèque de l’argent, sans pour autant effacer l’angoisse de la mort et de la part de devenir dans un milieu désertique hostile et incertain.
Ce fut à ce « mal du siècle » que l’islam s’efforça d’apporter des remèdes
Aussi, l’Islam produisit – il « un système économique, social et politique : la Paix Islamica. La religion était partie intégrante de ce système étaient « la sécurité de dieu et de son messager » ; la base de ce système étant Oumma , le sommet en était le Prophète. Il importe donc de rechercher les points saillants de ce système dans la mesure où ils accrurent la légitimité du Prophète aux yeux des membres de sa Oumma

Ces points peuvent être groupés autour de deux thèmes distincts mais complémentaires : la sécurité et le maintien de l’ordre d’une part , l’unification des arabes en vue de la conquête du monde extérieur, d’autre part.

A . La sécurité de la vie et le maintien de l’ordre social

La Société arabe préislamique était composée de tribus, dont chacune constituait une entité politique autonome et souveraine, à l’aide de tout pouvoir politique centralisé
Les membres de la tribu étaient unis par les liens de la parenté et « la solidarité de corps »

Une telle structure a engendré la principale de la vendetta pour défendre l’ordre social et maintenir la sécurité de la vie.
Lorsqu’un membre d’un groupe (clan ou tribu) est tué ou blessé par u membre d’un autre groupe, le groupe lésé en droit, théoriquement d’appliquer la loi du Talion

Le soin d’exercer cette vengeance repose, surtout, sur le parent le plus proche (d’âge adulte). Ce dernier étant par son clan ou sa tribu.
Il était préférable de faire supporter le châtiment à la personne qui a commis le crime ou la blessure, mais celle-ci pouvait être remplacée par n’importe quel membre de la tribu ou du clan
Il est donc clair qu’en définitive, la responsabilité à la fois du crime et de la vengeance à exercer était supportée par la communauté. La compensation en argent était possible mais les arabes la considéraient souvent comme un déshonneur. S’ajoutent à cela, les querelles constantes entre les tribus belligérantes au sujet de ce qui devait constituer une juste compensation, ce qui avait pour conséquence de prolonger l’état de guerre

Devant un tel système de protection de l’ordre social, le système musulman allait réagir différemment selon qu’il s’agissait des tribus n’ayant contracté aucune alliance avec le Prophète ou des tribus ayant accepté une telle alliance ou, enfin, des rapports entre les membres constituant la Oumma.
Ce fut avec les tribus qui n’avaient aucune alliance avec le système proposé par l’islam que le prophète n’eut le plus de prestige.
Ces tribus étaient considérées comme en état perpétuel de guerre contre la Oumma, et de ce fait, soumises à un traitement particulièrement féroce. Pour le prestige politique de la nouvelle communauté, il était essentiel qu’aucun musulman ne demeurant invengé.
En revanche, plus il y avait de non musulmans in vengés, plus grand était l’estime que les membres de la Oumma témoignaient à leur « Leader ». les tribus arabes païennes avaient donc le choix entre la conversion à l’Islam ou un perpétuel état de guerre, quant aux tribus juives ou chrétiennes, elles pouvaient garder leur foi avec paiement d’un tribu(Djizia)

A l’égard des tribus ayant contracté une alliance avec
Mohammed dans le cadre la Pax Islamica, la Oumma se considérait comme une sorte de tribu respectant les coutumes de l’époque. Elle tirait vengeance des coupables de crimes contre ses membres, selon le principe du Qiças, c’était le Prophète lui – même, en tant que représentant de la Oumma , qui payait la compensation en argent du sang versé par les musulmans

Enfin, ce fut à l’intérieur de la Oumma que les réformes ont été les plus efficaces. La nouvelle religion, en effet , considère le crime comme un mal affectant la communauté toute entière. Le verset 35 de la cinquième surate , qui date de la première période médinoise, énonce : » nous avons prescrit aux enfants d’Israel, que celui qui tue quelqu’un , à moins s’il avait tué tous les hommes ». ainsi , ne voulant pas rompre totalement avec la mentalité paienne, le Qor’an autorise le parent le plus proche d’un homme injustement assassiné , à exercer le droit de vengeance. Mais ce compromis peut s’expliquer par le fait que le Prophète ne disposait pas encore de police organisée en vue de l’éxecution des peines.
Cependant, deux normes vinrent tempérer la loi de talion afin d’empecher l’accumulation des rancunes :
La première veut que la peine ne doit être plus grande que la faute qu’elle devait sanctionner.
On ne devait pas non plus prendre une vie pour une vie mais se contenter d’une peine moindre. Le pardon total était encore plus vertueux. De ce point de vue, l’idéal islamique, contrairement aux schémas païens, contient implicitement la notion de l’égalité entre les membres de la oumma.
La deuxième règle énonce qu’une fois la vengeance exercée, l’affaire devait être considerée comme terminée. Aucune peine ne pouvait etre infligée avec justice pour l’éxecution était le fait de justes repressailles.
Cette règle préfigurait l’impunité du bourreau.

En résumé , ces deux regles favorisèrent la paix et le maintien de l’ordre social à Médine et , partant , le statut politique du Prophète lui- meme.
Restait la paix dans le reste de l’Arabie ; cet objectif allait se concrétiser vers la conquete d’autres mondes.

B. UNIFICATION DES ARABES EN VUE DE LA CONQUETE DU MONDE NON ARABE


Le mot « arabe » ne se rencontre presque pas dans la poésie arabe pré-islamique. Tout porte à croire que ce fut le Qor ‘an qui employa l’adjectif « arabe », en précisant que la parole de dieu fut revelée dans la langue arabe.

C'est-à-dire que , symboliquement , la nouvelle religion prit , dès le debut , un caractère « national » et quasiment en opposant le « Qor’an Arabi » aux idiomes des « A’AJMI », c'est-à-dire de ceux qui parlent une langue « machée » , brbare et sans clarté. Il y aurait , ainsi ,une prédisposition , meme inconsciente , des arabes à préferer l’islam au judaisme ou au christianisme, regardés , probablement , comme des religions étrangères . d’autant plus que la « Dhimmat Allah wa Rassoulihi » (la sécurité de Dieu et de son Prophète), c'est-à-dire la Paix Islamica, offrait le système tant désiré par les tribus arabes.
Pendant son séjour à Médine , en tant que chef du nouvel « Etat » , le Prophète allait s’attacher à pratiquer une politique d’alliance avec les tribus de l’Arabie enfin de réaliser leur unité « nationale » et les guider dans la voie de la découverte d’autres mondes. Ce processus politique , qui a contribué fortement à asseoir le pouvoir du Prophète, mérite d’etre décrit.
Dès les deux Bai’a d’Al Aqaba , le prophète bénéficiait , indirectement , de l’alliance des tribus conféderées des deux groupes médinois Al Aws et AL Khazraj, c'est-à-dire Muzaynas et Djuhanah. La tradition rapporte , en effet, que les premières expéditions musulmanes comptaient des membres de ces deux tribus et que certains parmi eux furent tués dans les deux batailles de BDR et UHUD.

En outre , les sources laissent entendre que le Prophète cherchait ,surtout,,à établir avec les tribus situées à l’ouest de Médine et de la Mecque, des relations amicales ;et à detacher certains d’entre elles de leur allégeances envers les qoreichites. C’est ainsi que lors de l’expedition d’Al Uchairah en 623/2 , il connut un traité avec Mudlidj et Damra( qui formaient une partie de Kinanah dont les qoreichites étaient issus, aux termes duquel celles-ci s’engageaint à ne pas attaquer les musulmans et , probablement , à communiquer au Prophète des renseignements sur les agissements des Mekkois.un traité fut conclu avec une partie de Kinana. En vertu de ce texte , les musulmans s’engageaient à ne pas solliciter leur aide contre les Qoreichites : ces tribus devaient donc, observer la neutralité totale dans le conflit. D’un autre coté , toute la tribu de Khuza’a – ennemie traditionnelle des mekkois – s’allia aux musulmans après l’expédition d’Al-Hudaybia.
Quant aux tribus situées à l’Est de Médine, elles étaient dans leur majorité , favorables aux Qoreichites et le Prophète rencontra quelques difficultés à s’en faire des alliéés. Ce n’est que pendant les deux dernières années de la vie de Mohammed qu’elles se décidèrent à accepter le nouveau système afin de ne pas manquer « le dernier train »
La tradition nous a conservé des lettres qui leur ont été envoyées par le Prophète et dans lesquelles celui-ci s’engageait à garantir leur sécurité à condition qu’elles pratiquent le culte , paient la zakat, cèdent le cinquième de tout butin obtenu et obéissent à ses ordres.
La reticence primitive de ces tribus , surtout TA’YY et GHOTAFAN , peut s’expliquer par le fait qu’elles étaient chrétiennes : les aspects purement religieux du nouveauu système ne les satisfaisaient pas.mais une fois que
Mohammed triompha , elles furent à ses cotés , aussi bien lors de la prise de la Mecque qu’à la bataille de HNAIN
Elles acceptèrent ainsi d’entrer dans une alliance politique avec le Prophète parce qu’elles étaient : « autant que lui interessé à lancer des incursions vers l’Iraq ; et après l’effondrement de l’Empire Perse( en 628 et les années suivantes ) ; beaucoup d’autres devinrent pretes à accepter aussi l’Islam ».
Ce fut avec les tribus du Nord , limitrophes de l’empire byzantin , que la politique tribale du Prophète a été la plus reflechie et la plus efficace.
L’objectif le plus important était de les détacher de leur obédience envers Byzance.comme certaines tribus de l’Est ,elles étaient du moins nominalement chrétiennes et , de ce fait , il était prudent de ne pas exiger du moins dans un premier temps leur islamisation.
La priorité fut donc donnée à des accords purement politiques. Les sources parlent des lettres echangées entre le Prophète et la tribu de ‘UDRAH et d’un accord avec la tribu de DJUDHAM , conclu en 627/6 et probablement sans exiger de conversion à l’Islam.
Ainsi on remarque que les tribus du Nord et du Nord –Est de l’Arabie avaient bénéficié d’une place privilegiée dans la politique d’unification pratiquée par le Prophète.
La raison doit en etre cherchée dans la volonté, avouée ou tacite, du nouveau système de briser l’encerclement de deux empires byzantin et perse et de rechercher une nouvelle source d’enrichissement :les arabes étaient , depuis toujours, fascinés par le confort qui régnait au- délà de l’Euphrate et du Tigre, et les tribus arabes étaient habituées à faire des incursions à l’intérieur des dépendances impériales , en vue su seuil pillage.
Compte tenu des maigres ressources qu’offrait la vie du désert, l’ancien système arabe ne pouvait que maintenir la population à un niveau quantitativement acceptable par la pratique des vendettas , des luttes intertribales , voire meme l’infanticide. En revanche , le système proposé par l’Islam , en abolissant ces pratiques, permettait d’instaurer la sécurité, la paix et la stabilité. Dans ces conditions , le commerce à lui seul ne permettait pas de repondre aux besoins de la population sans cesse sroissante.les empires byzantin et perse , « les deux hommes malades de l’Orient » offraient une source de revenus sans grands risques et un exutoire aux énergies guerrières des arabes, habitués à la razzia. Cette stratégie trouva son expression dans la notion de « guerre sainte » ; le Djihad. De ce point de vue, l’Islam en tant que système politique , économique et religieux , répondait parfaitement aux aspirations profondes d’une société pauvre et longtemps déchirée.

Dès la mort du Prophète, les armées musulmanes s’avançaient vers les portes de l’empire perse. Tandis qu’à Médine, les compagnons se disputaient la succession du chef disparu, un nouveau système de légitimation du pouvoir politique allait voir le jour

Section 2 :l’appartenance à Qoreich comme critère de legitimité politique


On ne traitera pas, dans le cadre de cette section , du critère de l’appartenance à Qoreich du point de vue du Fi, c'est-à-dire du droit. On l’analysera uniquement à la lumière de l’histoire de sfaits politiques. Les Foqaha, en effet , ne considèrent ce critère que comme condition de légalité du califat et ne s’interessent pas à l’appartenance clanique des différentes dysnasties qui se sont succédées à la tete de l’Etat musulman, ce qui leur évite de participer à des querelles dynastiques souvent tragiques. En outre, cette démarche permettra de suivre le changement de ce meme légitimisme à travers les périodes historiques particulières.
•Prémices : avec l’arrivée des premiers musulmans à Médine , vers l’année 622 les risques d’une rivalité , voire meme d’une tensin entre mekkois et médinois, n’étaient pas à écarter. C’est ce qui poussa le Prophète , en tant que guide de la nouvelle communauté , à promulguer la série de disposition constituant la charte de Médine.
•Mais cette coexistence décrétée fut très fragile. Ce fut une véritable bombe à retardement qui allait exploser , au sein de la cité musulmane, non sans victimes politiques , au lendemain de la disposition du fondateur de la nouvelle religion.
Par ailleurs , ce malaise se traduisait , du vivant de Mohammed , par l’opposition politique à l’intérieur meme de Médine, oppostion incarnée par Abdallah B. Oubay Saloul, qui avait compris dès le debut le danger de domination politique que représentaient les
Mouhajiroun (émigrés) qireichites. Ceux-ci, fins administrateurs, habiles commerçants et véritables « aristosrates » ,présentaient tous les signes de la domination future au sein de l’Etat musulman »

Mais d‘un autre coté, la Mecque continuait à représenter symboliquement le berceau du paganisme et l’ennemie jurée des musulmans, en meme temps que les Ançar médinois continuaient à caresser le reve de dominer politiquement l’Arabie grace à la nouvelle religion. Pour eux, la chute de la ville natale du Prophète entrainera nécessairement la chute des ennemis de l’Islam : les qoreichites , de telle sorte qu’ils resteront seuls sur la scène politique. Mais cette vision des choses omettait radicalement la stratégie politique de Mohammed et de ses contribules convertis, les mouhajirouns.
En effet , la reconquete de la Mecque s’effectua contraiment aux autres régions et villes de l’Arabie paienne, sous le mot d’ordre « AL-FATH » , c'est-à-dire la reprise de la ville sans effusion du sang qoreichite : le nouvel Etat avait besoin de la longue expérience administrative et politique des contribules du Prophète . et , à la grande deception des médinois, les postes-cléfs de la nouvelle administration arabe furent confiés à des qoreichites récemment convertis. Ainsi , au moment où la Mecque fut supplantée par la grandeur de la capitale musulmane Médine , les mekkois devinrent quasiment les maitres du nouvel « Etat »
Peu après, cette domination de fait des qoreichites allait etre érigée en principe servant à legitimer le pouvoir des quatres premiers califes : avant de devenir un corpus idéologique où l’appartenance à Qoreich, et surtout au clan des Omayyades , sera combinée avec une véritable théorie du droit divin

§1 Le critère de l’appartenance à qoreich au lendemain de la mort du Prophète

Au lendemain de la mort du Pophète , l succession politique allait etre tranchée au profit des Qoreichites. Desormais , la dévolution du pouvoir sera toujours l’apanage de ceux-ci.

A . Les querelles politiques de la « saqifa » à la mort de Mohammed


A la mort du Prophète, les ançar se reunirent dans un lieu appelé la saqifa appartenant aux banou SA’IDA de la tribu médinoise Al- Khazraj. Ce fai , fut en lui-même un symbole : celui de la détermination des médinois à de démarquer socialement et politiquement des qoreichites , puis que la tradition voulait que toute la réunion politique des musulmans ait lieu dans la mosquée du Prophète. Ils s’empressèrent de nommer SA’AD BNOU « Oubada à la tête du nouvel Etat »
Ce debut de nomination fut « étouffée » par une délégation des qoreichites arrivée à la saqifa : une véritable polémique sur la mégitimité politique allait opposer mekkois et médinois et déboucher sur la proclamation d’Abou Bakr

A) La position des médinois : SA’AD B. Oubada , chef des khazraj et ennemi juré des qoreichites , prit la parole et traduisit le sentiment général de ses contribules qui voulaient que la succession politique du Prophète soit assurée par ceux qui l’avaient accueilli parmi eux , une diziane d’année auparavant , lorsqu’il était persécuté par les siens.

De ce seul point de vue , les ançar s’estimaient etre , les euls héritiers de Mohammed.s’ajouten à cela , le fait qu’ils furent les premiers adeptes de la nouvelle religion et les fondateurs du nouvel « Etat », au moment où les infidèles Qoreichites chassaient la Prophète de sa ville natale. En outre, ils furent les premiers « combattants de la foi » contre les ennemis de l’Islam, ce qui leur a valu une place privilegiée non seulement dans les haiths , mais dans le Livre Saint
Ce discour spoyr la légitimité politique des Ançar sans compétences pour deux raisons essantielles :
- Le manque de solidarité entre les principaux groupes constituant les Ançar : l’Islam n’a pas pu cimenter socialement les deux clans rivaux des Aws et des Khazraj, l’un redoutantla domination de l’autre.
- Les mekkois firent preuve, suivant leur coutume, leur maturité politique en faisant taire, provisoirement, leurs dissensions internes et ligner tous les clans qoreichitesnpour faire face aux prétentions des médinois.
b) la position des qoreichites : après avoir rappelé les mérites des Ançar, le representant de Qoreich , Abou Bakr , mit l’accent sur le fait que la succession du Prophète devait etre assurée par les siens.
Les liens de sang primant tous les autres liens en matière de succession.
De ce point de vue, les qoreichites sont les héritiers »légitmes » du Prophète parce qu’ils constituent son clan d’origine et sa famille.
Au lien du sang , s’ajoute le compagnonnage.selon Abou Bakr, les qoreihites « émigrés »( al-Mouhajiroun) furent les preliers compagnons du fondateur de l’Islam, ceux qui l’avaient protégé contre les infidèles de la Mecque
Abou Bakr rappela, enfin, l’impossible entente entre les Aws et les Khazraj et les conséquences facheuses qu’entrainerait la nomination d’unmédinois sur l’avenir du jeune « Etat » et de l’Islam. Par voie de conséquence, la succession du Prophète ne peut etre assurée , sainement et efficacement , que par ses contribules d’origines, qui jouissent , au demeurant , d’un capital symbolique et matériel auprès de toutes les tribus de l’Arabie
La tradition rapporte que cette tactique des makkois triomphait non parce que deux qoreichites preterent serment d’allégeance à Abou Bakr , mais parce qu’ils furent imités par les chef de la tribu de AL AWS , en l’occuren,ce Ousseid. B. Hadir et son contribule Bachir b.SA’AD, qui ne pouvaient accepter que SA’AD b. Oudaba, leur edversaire de toujours, soit proclamé successeur du Prophète.

B. La dévolution du pouvoir entre qoreichites et ses sources de legitimité


La tradition musulmane parle d’un comité des compagnons émigrés appelé AHL ASSHOURA (les titulaires de la consultation) qui faisaient primitivement office de gouvernement. Ses membres représentaient, en fait, les clans de la tribu du Prophète. Ainsi , Abou Bakr et Talha b. Abdallah étaient du clan taim ;omar b. Al Kathab et Said b.Zaid de ADIY ; Abderrahmane. B.Aouf et SA’AD b. Abi Waqqas de Zohra, Ali b.Abou Talib de Hcaim ; Othman b. Affane de Omayya ; Zoubeir b.Al ‘Awam de Assad et Abou ‘Oubeida b.Al Jarrah de Fhr. A médine , ils construisirent leurs habitations autour de la mosquée demeure du
Prophète qu’ils prirent comme lieu de réunions et où l’on traitait , de ce fait , les questions se rapportant à la vie politique et civile de la nouvelle communauté
Après la disparition du Prophète , ce comité devenait la seule institution qui legitimait le pouvoir du prétendant au poste de calife et ce , dans la mesure où le calife était choisi dans et par ce conseil de dix : le principe de l’appartenance à Qoreich fut , ainsi , institutionnalisé
Ainsi, Abou Bakr , apres sa victoire de la Saqifa fut contraint de solliciter le serment d’allegeance politique soit complète. De même, la cooptation d’Omar par le premier calife devait recevoir l’assentiment et la bénédiction de ces « gens de la choura » pour qu’elle devienne légitime.
Lorsque le second calife Omar fut poignardé, il ordonna la réunion du « comité de la consultation » qui ne comptait plus que cinq membres : Othmane , Ali , Az-Aoubier, Abderrahmane et SA’AD. Omar leur suggera d’adjoindre à ce comité quelques anciens des Ançar et Abdallah b. Omar , avec seulement un rôle consultatif : ils ne devaient ni etre candidats , ni choisir le candidat. Ce fut Othmane b. Affane qui devait être choisi au poste de calife
Une fois othmane assassiné, Ali b. Abou Talib refusa la bai’a que les révolutionnaire voulaient lui présenter sans que les gens de la shoura ne donnent leur accord préalable. Aux dires du quatrième calife : »le choix du magistrat suprême n’appartient qu’aux titulaires de l’Office de la shoura, ceux qui avaient pris part à la bataille de Badr… »
Enfin ; il faudrait souligner que ce conseil, de meme qu’il alimentait le pouvoir califien en légitimité politique, pouvait la lui retirer lorsque la besoin s’en faisait sentir. C’est ainsi que les « gens de la choura » furent les principaux meneursde foules contre Othmane b.Affane , dont la pratique politique était jugée comme non conforme à la tradition du Prophète et des deux premiers califes.

§2 Le critère de l’appartenance à Qoreich érigé en un droit divin


L’événement d’Othmane consacra définitivement la suprématie de Qoreich, surtout du clan des BANOU OMAYY. Le troisième calife était ; en effet ; le cousin du célèbre cheik de la Mecque : Abou Soufinae. Aussi, les postes –clefs de l’administration et du pouvoir au sein du jeune « Etat », furent ils confiés à des omayyades ; situation qui allait préparer le terrain au « califat de Damas ». Cette politique du troisième calife fut à l’origine d’un malaise sociopolitique, non seulement à Médine, mais aussi en Irak et en Egypte. Tous ceux qui ne profitaient ou pas du système allaient se liguer contre Othmane et son clan. A la tête des mécontents se trouvaient les représentants des autres qoreichites, en l’occurrence les anciens de la shoura. Ce fut le milieu de ce climat général de crise politique que le droit de Qoreich, défendu auparavant à Saqifa contre les prétentions des médinois , allait etre érigé en un véritable droit divin, avec cependant une nuance d’importance : l’appartenance à qoreich allait se confondre avec l’appartenance au clan omayade d’Abou Soufiane , d’Othmane et de Mo’awiya
Ainsi , si les deux premiers califes considéraient le Beit Al Mal comme étant un véritable trésor public appartenant à tous les musulmans, Othmane , en revanche, le considérait presque comme « propriété de la couronne ».Ibn Abbas rapporte ce quelques propos imputés au calife : « supposez que j’ai édifié une demeure en puisant dans l’excédant ( Al Fadl) du Beit Al Mal. ( celui-ci ) n’appartient – il pas à vous comme à moi. Ne suis – je pas derriere ( la satisfaction de vos) vos besoins ? n’aurai je pas le commandement parmi vous ? pourquoi donc n’utiliserai je pas le Beit A l Mal comme je l’entends ? pourquoi suis Imam donc ? en outre , selon la tradition , Othmane fut le premier calife qui distribua à ses cousins omayades , sous forme de « fiefs »(Iqta’) , des terres appartenant au Beit Al Mat

Enfin , il semble que lorsque les révolutionnaire voulurent le destituer, il leur opposa ce droit divin , en qualifiant son pouvoir de « vetement qui lui a été donné par Dieu » , ne leur laissant ainsi qu’une seule possibilité : l’assassinat politique.
L’assassinat d’Othmane, allait donner à ce nouveau principe de legitimité, une dimension toute nouvelle. L’effusion du sang du calife légitime fut imputée , par les omayyades , à ceux la meme qui l’avaient mis à la tete de l’Etat musulman ; les titulaires de l’office de la shoura. Ce fait signifia, pour Mo’awiya et ses partisans , la caducité et l’abolition de la shoura comme principe organisateur de la dévolution du pouvoir califien. L’assassinat , en ouvrant la voie à la reparation , impliquait l’héritage : le pouvoir légitime d’Othmane devait passer à son héritier, c'est-à-dire Mo’awiya : du califat de la shoura on passa au califat héréditaire.

Une fois au pouvoir , les califes amoyyades allaient utiliser systématiquement le principe de l’appartenance à Qoreich érigé en droit divin, pour légitimer leur légitimer leur autorité et leur califat. Pour eux, le droit des omayyades qoreichites est un « droit sacré ». les arabes n’étaient rien jusqu’au jour où Dieu leur envoya « des Imams qoreichites représentant Sa clémence ». le Tout –Puissant protégea la tribu de Qoreich et veilla sur elle avant et après l’Islam , jusqu’à ce qu’il décida de lui confier le pouvoir supreme et la tache de présider aux destinées des arabes. De ce point de vue , le califat n’était que la version musulmane de l’ancienne chéfferie qoreichite déjà detenue par les omayyades. Abou soufiane n’était – il pas considéré par le Prophète lui- meme comme le cheik de la Mecque paienne.
Ce discours de legitimité politique traduisait , donc, un fait incontestable : l’avenement de l’Islam n’a pas altéré la suprematie des qoreichites et , surtout dans la religion du clan d’Abou Soufiane , l’ancien enemi de Mohammed. Ils trouvaient dans la religion nouvelle une assise idéologique qui changea leur puissance de fait en un véritable droit de domination, en puissance légitime. Cette nouvelle légitimité impliquait , en outre , une equivalence presque automatique entre , d’une part le califat omayade et , d’autre part , l’unité de la communauté musulmane ( La Jama’a Al-Islamiya). De ce pointt de vue , toute tentative révolutionnaire dirigée contre l’autorité omayade, était jugée comme étant une « Fitna », c'est-à-dire une subversion visant à saper les fondements meme de l’Islam .



Section 3 : la légitimation du pouvoir politique à partir de l’appartenance à la « Maison du Prophète »


•Répères historiques


- Les omayades : -après l’asassinat du quatrième calife Ali B. Abu Talib, cousin et gendre du Prophète, un accord fut conclu entre Mo’awiya et les fils de son ancien rival Ali ; aux termes de cet accord, celui-ci devait desister au profit de celui là. De son coté , l’ancien gouverneur de la syrie s’engageait à ce que , après sa mort , le pouvoir supreme soit restitué à Al – Hassan
Mais quelques années après , le calife omayade devait déclarer : « j’avais accepté certaines conditions et donné certaines promesses. Par – là , je voulais éteindre le feu de la guerre et mettre fin à la subversion (Al-Fitna). Mais maintenant que Dieu nous a uni de nouveau et nous a premuni contre la désunion, je considère cela (ces conditions et ces promesses) sous mes pieds ! » et , pour concrétiser cette assertion, il nomma son fils Yazid prince héritier.
Ce fut le début de ce qu’on appelle communément « l’Etat arabe », c'est-à-dire une organisation économique et sociale, dominée presque exclusiement par les musulmans arabes et, dans laquelle les non arabes, quelques soit leur religion , étaient considérés des « citoyens de seconde zone ». ayant le statut de « mawali »(non arabe nouvellement convertis et deant clients des arabes) , ils étaient assujettis au paiement de la capitation( le djiziyah)écartés des hautes fonctions de l’Etat et leur service dans les armées musulmanes n’était pas rémunéré.
A cela , s’ajoute le malaise politique à l’intérieur meme de la classe dirigeante des querelles , parfois sanglantes , opposaient les arabes du Sud (Al-Yamanyah) ceux du nord (Al – Qayçyah)
Ce climat de mécontentement et de revoltes allait etre exploité par les proches parents du Prophète : les banou Hacim qui allaient s’organiser, non sans difficultés , en vue de conquérir le pouvoir supreme.
- Les Alides : Al Hussein b. Ali fut parmi les representants les plus notoires de l’opposition au pouvoir omayade. Non seulement il fut contre l’abdication de son frère Al Hassan au profit de Mo’awiya mais il prit également la tete de ceux qui avaient refusé de reconnaitre Yazid b. Mo’awiya comme héritier.
En l’an 49 de l’hégire, lorsque son frère mourut , Al Hussein prit la direction du mouvement alide , en qualité de prétendant légitime au puvoir supreme. Pour lui, le pouvoir omayade était devenu illégitime dès l’instant où Mo’awiya avait dénoncé l’accord qu’il avait passé avec Al Hassan. Yazid n’était par ailleurs point à la hauteur de la charge califienne.
Ainsi , AlHussein , en tant qu’héritier légitime du quatrième calife et en tant que descendant du Prophète, fut constamment en liaison , plus ou moins sécrète , avec les partisans de sa famille en Iraq où les « mawali » et les défavorables du système constituaient la base sociale du mouvement alide.

Ce fut en 62 de l’hégire que Al Hussein quitta la Mecque en direction de Kuffa où les révolutionnaire l’attendait. Cependant , les omayades le devancèrent, encerclèrent la ville et tuèrent ses deux principaux lieutenants Mouslim b. ‘Aquil et Hani’b. ‘Ourouah. La révolution d’Al Hussein devint ainsi une simple aventure politique n’ayant aucune chance d’aboutir. Acculé à se réfugier à Karbala, lui-même et le groupe qui l’accompagnait , ils furent anéantis. Plus tard , cette tuerie constituera ce qu’on appelle communément la martyrologie schi’ite.
Quelques années après karbala’, en 66 de l’hégire , Al Mouktar b . ‘Oubeid at-Taqafi , prit la tete du mouvement. Il prétendait agit au nom d’un autre fils d’Ali , Mohammed , Azi Hanafia demi frère d’Al Hassan et Al Hussein. Ses themes de propagande tournèrent autour de la vengeance pour le meurtre des descendants du Prophète par le pouvoir « impie », accompagnée d’un réforme sociale et religieuse visant aux « mawali » leurs droits et leurs dignité , sous le patronage de l’ »Imam attendu » (ou espéré). C'est-à-dire Mohammed b.Al –Hanafiah
Les insurgés prirent kuffa et tuèrent tous ceux qui, de près ou de loin , avaient pris part à l’assassinat d’Al Hussein et de sa famille à Karbala. Mais , un an plus tard, le mouvement fut violemment reprimé par le calife de la Mecque , Abdallah b. Az – Zoubeir, à la grande satisfaction de ses rivaux , les omayade. Plus tard, ce mouveùent allait etre exploité par la propagande abbbasside.
- Les Abbassides : au début du second siècle de l’hégire , un descendant d’Al Abbas, réusiit à réunir au sein d’un large mouvement politique, tous les opposants à la dynastie omayade (23) et surtout les « mawali » qui constituaient la base sociale du parti alide. Lorsqu’il décéda en 126 H, il fut remplacé par son fils Ibrahim. Trois ans plus tard ; celui-ci confia les opérations de propagande à la « Maison du Prophète ». Abu Mouslim allait faire comme appartenant à la « Maison du Prophète ». Abu Mouslim allait faire de Khurassan le fer de lance de la revolte contre le pouvoir des omayades. Lorsque Ibrahim b. Mohamed fut arrété , puis tué par les omayades.
Son frère et successeur, Abdallah, se refugia, avec sa famille à kuffa. Il demeura caché chez l’un de ses partisans jusqu’à la prise triomphale de la ville par les armées d’Abu Mouslim Al Khurassani en 132 H. ce fut la naissance du califat abbasside.
Une question reste, cependant pendante : quels étaient les thèmes de légitimité du mouvement abbasside ? le critère de l’appartenance à la « Maison du Prophète » permettait, certes, aux abbassides de faire prévaloir leur droit au pouvoir suprême.
Mais comment ont – ils pu évincer leurs rivaux, les alides, dont le capital symbolique était bien assis ?
Il semble que la légitimation des prétentions abbassides ait connu une gradation à partir de l’idée du testament, ils ont fait le droit successoral, tel qu’il ressort de la shéri’a , et qui leur permettait d’hériter directement du Prophète et non du quatrième calife Ali b. Abu Talib

§1 L’appartenance à la « Maison du Prophète » et l’idée de testament


A la mort du Prophète, son oncle Al Abbas n’avait aucune prétention politique car il figurait parmi les derniers convertis à la nouvelle religion. Il en fut de même pour son fils Abdallah qui soutint, sans réserve, Al dans sa lutte contre Mo’awiya jusqu’à l’arbitrage. Après l’assassinat du quatrième calife, il s’installe à Taif et se désintéressat définitivement de ma politique. A sa mort, son fils Ali se vit octroyer, par les omayyades, un petit village en Jordanie , sous forme d’Iqta (fief)

Son fils , Mohammed , allait devenir la personnalité la mieux en vue des banou Hacim, celui qui montra le plus de prétentions politiques puisqu’il allait se charger de la constitution du mouvement politique qui fut à meme de conquerir le pouvoir. Ce fut la parti abbasside. Les Abbassides prétendent que leur légitimité était une légitimité testamentaire en ce sens, ils seraient les héritiers du mouvement shi’ite(kissani), dirigé auparavant par Al Mokhtar b. ‘Oubeid au nom de Mohamed b. Ali b. Abu Talib ( dit ibn Al Hanafiah). A leurs dires, Abu Hacim, fils de ce derniers et son successeur, fut empoisonné par les omayades et à sa mort, il aurait confié, par testament, la direction du mouvement à Mohamed b. Ali l’abbasside, et par voie de conséquence le droit au magistrat suprême de l’Etat musulman.
Cependant de nombreux historiens contestent l’existence du testament. Et c’est pour les raisons suivantes :
-D’une part, l’existence d’un tel testament aurait permis aux abbassides de réclamer, dès le début de leur mouvement, leur droit au califat. Au lieu de cala,ils se contentèrent de faire compagne pour un Imam Hacimite, c'est-à-dire appartenant au clan du Prophète, sans spécifier si cet Imam devait être de la descendance d’Al ‘Abbas
-D’autre part, les lettres échangées entre le calife abbasside Al Mansour et Alide Mohamed b. Abdallah (dit AN NAFS AZ ZAKIYA), ne font aucune référence à l’existence d’un tel testament
Enfin, les abbassides, dès le deuxième calife Al Mansour s’efforcèrent de légitimer leur pouvoir, par l’appartenance à la « Maison du Prophète » certes, mais à partir du droit musulman en matière d’héritage.
§2 les descendant du Prophète et le droit successoral

Le chef de file des ‘alides, Mohamed b. Abdallah, s’oppose à la dynastie abbasside dès son établissement. De la polémique verbale autour de la légitimité héréditaire, on passe à la guerre totale. Mohamed AN NAFS ZAKIYA devait connaitre le même sort que ses cousins et ses ancêtres.
La reproduction des principaux textes en matière de légitimation du pouvoir abbasside, non seulement relativement au problème posé par l’appartenance à la « Maison du Prophète », mais également au regard du droit successoral, nous a paru suffisante tant est limpide leur contenu et logique la démonstration qu’ils cherchent.
- Le premier texte est une « khatba », un discours que prononça le premier souverain abbasside, à l’occasion de son investiture
- Le second texte est une lettre envoyée par le chef des ‘alides au calife AL Mansour
- Enfin, la réponse écrite de celui-ci , adressé à Mohammed b . Abdallah dit AN NAFS ZAKIYA

(1) DISCOURS DE ABDALLAH b. MOHAMED, dit ABOU AL ABBAS AS SAFAH, premier souverain à l’occasion de son accession à la charge de calife
Le texte insiste sur l’appartenance des abbassides à la Maison du Prophète, puis rappelle l’action réformatrice de ce dernier. En outre, tout en affirmant la légitimité des quatre premiers califes, il s’attache à « délégitimer » tout le règne omayade. S’adressant principalement aux habitants de kuffa, le discours relate le programme social et politique du nouveau califat. A remarquer que le dernier tiers du discours ( à partir de « sachez que Amir Al Mou minime…) fur prononcé par l’oncle du nouveau calife : ce dernier , étant malade , ne pouvait faire intégralement son discours : ce qui signifie que le texte était préparé à l’avance.
« louange à Dieu , qui nous a choisi l’Islam pour religion ; qui a fait de nous le rempart de l’Islam , ses serviteurs , ses garants et ses protecteurs ; qui nous a confié de la justice ; qui a fait de nous les titulaires de cette parole ; qui nous a donné l’honneur d’être les parents du Messager de Dieu (que la paix soit sur lui) et d’être sa famille ; qui a fait en sorte que nos pères nous enfantent de son arbre (généalogique) et de source (celle du Prophète) ; qui nous a donné une place d’honneur parmi les adeptes de l’Islam ; qui a révélé ( à ses adeptes) un Livre afin de leur faire connaitre ses Signes.
Dieu a dit dans son Livre : « O vous, les gens de la Maison ! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement ». « Prêches tes plus proches parents ». « Ce que Dieu a octroyé à son Prophète comme butin pris sur les habitants des citées appartient à Dieu, à son Prophète, à ses proches : « sachez quelque soit le butin que vous preniez, le cinquième appartenant à Dieu, à son Prophète et à ses proches.

Dieu en faisant connaitre aux hommes notre apport ( à sa religion), leur a prescrit de nous reconnaitre nos droits et de nous obéir , parce que qu’il nous a privilégiés sur le reste de ses adeptes(surtout en égard au butin)
Les « saba’iyah » ont prétendu que d’autres ont plus de droit que nous, quant à l’exercice de l’autorité, à la gestion des affaires de la communauté et à la charge califienne. De ce fait, ils oublient que ce fut par notre intermédiaire que Dieu a mis les hommes dans la voie de la vérité après leur égarement, les a éclairés après leur ignorance ; et leur offert son statut … par notre intermédiaire , Dieu a fait triompher la justice et disparaitre l’injustice , a unifié les hommes en faisant d’eux des amis et des frères ici- bas et dans l’autre monde.

Ces bienfaits, Dieu les a réalisés par l’intermédiaire de Mohammed (que la paix soit sur lui). Et le prit à ses cotés, les premiers compagnons assurèrent sa succession en appliquant la consultation (la shoura) en tout ce qui touchait la vie matérielle des hommes. Ils donnèrent ainsi aux musulmans leur dû et accomplirent leur mission comme il s devait. Mais lorsque les Banou Harb et les Banou Marwane usurpèrent cet office. Ils en firent leur propriété et leur patrimoine, en lésant, ainsi, ses titulaires légitimes. Ceci déplut à Dieu et il se vengea d’eux (par notre intermédiaire). Il nous rendit ainsi nos droits afin que nous puissions nous porter au secours de notre Oumma. Au début comme à la fin, Dieu nous a fait triompher dans l’intérêt des démunis et des pauvres.

Aujourd’hui, mon souhait est que l’injustice ne vous vienne pas de ceux qui vous ont apporté la justice et que le mal ne vous vienne pas de ceux qui vous ont apporté le bien. Et que la grâce divine fasse que nous, gens de la Maison du Prophète, réussiront dans notre tache.
O habitants de kuffa, les tyrans ne purent vous détourner de l’attachement et de la fidélité que vous nous avez témoignée. Vous avez patienté, et Dieu a récompensé votre patience par l’événement de notre dynastie. Aussi, ai-je pris la décision d’augmenter vos donations de cent dirhams.

Aujourd’hui, l’obscurité qui noircissait l’univers a disparu, la terre et le ciel sont éclairés de nouveau. Les proches parents de votre Prophète (que la paix soit sur lui), en reprenant leur droit légitime, vous combleront de leur clémence et de leur amour.

Sachez que nous n’avons pas combattu et pris le pouvoir pour accroitre nos richesses, pour creuser les fleuves ou pour construire les palais. Nous nous sommes insurgés parce qu’on nous a usurpé notre droit (à l’exercice de l’autorité), parce que nous voulions venger nos cousins et parce que nous ne pouvons fermer les yeux sur le fait que les Banou Omayya vous méprisaient et vous dépossédaient de vos droits. Aujourd’hui, nous vous offrons la sécurité de Dieu le Tout – Puissant celle de son Messager (que la paix soit sur lui) et celle d’AL ABBAS ( que Dieu l’ait en sa Miséricorde)
Nous nous engageons à vous diriger selon ce que Dieu a révélé à trancher vos différends selon le Livre de Dieu et à nous comporter avec vos notabilités (élite – khassa) et vos plébéiens (populace-‘Amma) selon la tradition du Messager de Dieu. Malheur aux Banou Omayya et Banou Marwane qui ont préféré la vie de ce monde à cele de l’au-delà, en terrorisant les hommes, en commettant les péchés et en pratiquant l’injustice dans le gouvernement de la communauté. Ils ignoraient ce que Dieu leur préparait. Le Tout –Puissant les a surpris alors qu’ils dormaient en tout quiétude. Ils furent découpés, décapités et ce qui leur arriva devint connu de tous.

Dieu nous a débarrassé des tyrans et à leur tète, de Marwane. L’orgueil lui faisait croire que nous pouvions rien contre lui. Ila appelé son parti et, s’aidant de des ruses. Il nous a envoyé ses armées. Mais il trouva devant lui, derrière lui, à sa gauche et à sa droite , la ruse de Dieu, Sa